Laurent Impeduglia au-delà des murs
L'exposition personnelle de Laurent Impeduglia proposée aux Brasseurs à Liège dans le cadre du cinquième cycle d'expositions individuelles
« Dissidence » débutera le premier septembre.
Elle s'ouvre sur une proposition poétique et ludique, une invitation faite à chacun matérialisée sous la forme d'une sculpture réaliste d'un puits surmonté d'une enseigne lumineuse où s'inscrit la phrase suivante:
« Make a wish, build your life » ( « Faite un souhait, construisez votre vie » )
Outre le caractère humoristique de cette installation interactive, d'autres réflexions se profilent en une série de questions plus profondes:
Quoi de plus aléatoire qu'un souhait pour construire sa vie?
Mais cependant quoi de plus naturel qu'un souhait pour avancer dans sa destinée?
A qui, a quoi doit-on s'en remettre pour réussir celle-ci?
Aura t'-on plus de chance une fois la pièce de monnaie lancée ou pas?
Qu'est ce qui tombe dans l'eau?Notre souhait (plouf) ou la pièce?
L'artiste ne donnera à ces questions aucune réponse (pas plus ici qu'ailleurs dans l'espace), mais plutôt des clés de lectures à la fois intimes et universelles, des pistes à prendre ou à laisser selon notre désir de participer ou pas à « ce vaste jeu de construction ».
Laurent Impeduglia a revêtu son bleu de travail de toute façon, son alter ego en témoigne et l'artiste est représenté dans ce vêtement emblématique plusieurs fois dans toute l'exposition que ce soit dans ses peintures ou grandeur nature en une sculpture réaliste.
Il se revendique en « Man at work » (« Homme au travail »), en référence au panneau de signalisation routière.
Les Brasseurs sont dès lors envisagé comme un véritable chantier et il nous l'indique clairement avec cette plaque métallique portant la mention « Under construction » (« En construction »).
Les objets plastiques s'installent donc en toute logique et nous croissons tout au long de notre parcours: des brouettes, une betonneuse, des briques blanches et de couleurs ainsi que des maquettes en terre cuite d'églises ou de châteaux fortifiés.
Mais ne nous y trompons pas, rien dans cette mise en place n'est anecdotique, rien n'est gratuit non plus; les sculptures répondent aux peintures, les dessins font échos aux installations dans un soucis de sincérité en répondant à ce qui semble être « en chantier » et parfois chaotique dans le cheminement d'une vie.
L'artiste se cherche et nous dévoile sa recherche, il explore des domaines de connaissances aussi différents que l'imagerie enfantine ( le petit prince, les héros de dessins animés, le graphisme de la bande dessinée) ou les symboles de l'alchimie ( les chiffres, la couleur blanche, la notion de transformation).
Tout cohabite, rien n'est classé par ordre hiérarchique.
On est loin du dogmatisme, du stéréotype, de la pensée unique.
Laurent Impeduglia suggère plus qu 'il n'impose comme le témoigne me semble t'-il la boîte à outils exposée au rez-de- chaussée.
Elle est caractéristique de tous les savoirs, de tous les souvenirs accumulés par chacun.
Cet arbre planté en son coeur et recouvert de peinture blanche peut être le symbole de nos idées qui ont pris racines et se développent enfin...
L'artiste joue à cache-cache, il s'amuse à créer un jeu de pistes, plein d'indices sur ce qui le passionne, sur ce qui lui fait peur ou sourire.
L'espace est ponctué de surprises visuelles, de balises, de faces à faces insolites.
Laurent Impeduglia est un homme en mouvement, un homme qui nous communique avec générosité sa curiosité du monde.
Un homme qui se montre aux Brasseurs pièce par pièce qu'il est urgent de découvrir.
Caroline Coste